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Animée par une sacrée « pulsion créative » fin octobre, je décidais de me lancer un défi écriture au mois de novembre. Au programme : 50 000 mots à écrire, façon NaNoWriMo (1667 par jour).
Spoiler alert : j’ai réussi.
Spoiler alert n°2 : j’en retiens sept choses, pas toujours très sérieuses.
Je ne prétends pas prodiguer des conseils en écriture créative. Mais par contre, je connais quelqu’un qui en donne. Et de sacrément bons. Rendez-vous en fin d’article.
Apprendre et redécouvrir
J’avais envie de partager avec vous ce que j’ai appris et redécouvert ces 30 derniers jours.
Poster sur les réseaux sociaux m’a motivée
J’avais annoncé par ici mais également sur mes réseaux sociaux mon intention de m’attaquer à ce challenge d’écriture.
Chaque jour ou presque, j’ai posté mon décompte de mots en story sur instagram, avec un template créé pour l’occasion.
Personne ne serait venu me taper sur les doigts si j’avais échoué… Sauf moi. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. J’aurais
Pas évident d’écrire de la fiction quand on est rédactrice
Cette réflexion n’est pas nouvelle. J’avais déjà été confrontée à ce problème il y a quelques années. A l’époque, j’écrivais encore beaucoup de fiction, régulièrement.
Mais je sentais déjà qu’il était assez complexe de conjuguer mon travail de rédactrice la journée, et mes envies d’écriture le soir.
Je n’avais plus d’énergie et mon cerveau avait déjà tout donné en matière de créativité. La source était un peu tarie.
J’ai ressenti la même chose certains jours où mon métier de rédactrice freelance m’obligeait à écrire de grandes quantités de texte, sur une durée limitée. Difficile de laisser de la place à la fiction.
Je n’ai pas encore trouvé de solution (à part changer de métier). Peut-être que le paragraphe suivant donne des pistes.
J’adore les disputes
Quand j’ai le syndrome de la page blanche, mon remède, c’est d’écrire des scènes de dispute. Qu’est ce que ça dit de moi ?
J’ai échangé avec une amie sur le sujet. Elle me rappelait que beaucoup de créatifs disent ne pas écrire / peindre / composer (faites votre choix) quand ils sont heureux.
Petit 1 : est-ce bien vrai ?
Je n’en suis pas si sûre. Et pourtant, « le mythe du génie malheureux est tenace ». Le journal suisse Le Temps en parle dans cet article.
Petit 2 : mon syndrome de la page blanche, quand il se déclenche, n’a pas grand à voir avec mon bonheur ou mon malheur (je suis juste un peu torturée, comme tout le monde).
J’ai d’ailleurs remarqué une chose. Quand je suis très malheureuse, je suis souvent très angoissée. Et quand je suis fortement angoissée, impossible d’écrire. Mon cerveau se met en pause, pour se soulager du stress je suppose.
Pour en revenir aux disputes, je pense que j’aime écrire ces scènes parce qu’elles sont cathartiques. J’ai assez peu de répartie à l’oral. Je bafouille un peu quand je m’énerve, je cherche mes mots. Et surtout, je trouve souvent des contre-arguments quand je suis toute seule et que le feu est passé.
Cela me fait toujours penser à Rousseau et ses Confessions :
"Cette lenteur de penser, jointe à cette vivacité de sentir, je ne l’ai pas seulement dans la conversation, je l’ai même seul et quand je travaille. Mes idées s’arrangent dans ma tête avec la plus incroyable difficulté : elles y circulent sourdement, elles y fermentent jusqu’à m’émouvoir, m’échauffer, me donner des palpitations ; et, au milieu de toute cette émotion, je ne vois rien nettement, je ne saurais écrire un seul mot, il faut que j’attende. Insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place, mais lentement, et après une longue et confuse agitation."
Il est donc plus facile pour moi d’écrire une dispute à laquelle je peux prendre le temps de réfléchir. Tout simplement.
Les idées me viennent en marchant
Ce n’est pas original, je ne suis pas la seule à le dire. Nietzsche disait que « Les seules pensées valables viennent en marchant », Aristote enseignait en marchant…
Je vous conseille la lecture de cet article du New Yorker à ce sujet.
Ciao le carnet, welcome l’appli Notes
Je le disais dans un de mes précédents articles : j’ai toujours eu un carnet et un stylo dans mon sac, dans ma poche, dans les mains. J’accumule les carnets sur mes étagères. J’adore écrire sur le papier.
J’ai l’impression que les mots s’y forment plus naturellement, qu’il y a plus de liant que sur un clavier où les mots sont décomposés lettre par lettre.
Malheureusement, je n’ai pas toujours la possibilité de sortir mon carnet et mon crayon pour écrire.
Par exemple, lorsque je promène mon chien. C’est un husky de 25 kilos, bien vif, qui passe son temps à chasser dans les champs (en se jetant la tête la première dans les trous) ou à piquer le moindre morceau de nourriture sur les trottoirs.
Je n’ai donc pas le luxe de baisser ma garde et de profiter de balades calmes et douces.
Alors la seule solution, c’est de sortir mon téléphone, d’ouvrir l’application Notes, et d’y noter mes idées lorsqu’elles émergent. Soit en tapant sur mon clavier (une fois sur deux, j’appuie sur la mauvaise lettre parce que la laisse glisse entre mes doigts), soit en dictant mes pensées à l’aide de la reconnaissance vocale.
Je trouve le processus très peu empreint de « romantisme ». J’aime bien construire des moments d’écriture, en faire des moments spéciaux.
Mais parfois l’idée vient (surtout en marchant donc) et pour éviter de la laisser s’échapper (j’ai une assez mauvaise mémoire), la seule solution, c’est la technologie qui se trouve à portée de main.
J’imagine souvent mes dialogues en anglais
J’étais insupportable avec le franglais quand je suis revenue en France après une année passée au lycée français de Londres et dans une famille britannique en classe de première.
Vraiment.
Je faisais souvent mine de chercher mes mots en français et du coup, je les remplaçais par d’autres mots en anglais. Alors oui, pendant un certain temps, ce sont bien certains mots en anglais qui me venaient à l’esprit en premier. Mais j’aurais quand pu faire un petit effort et chercher cinq secondes de plus pour trouver la traduction.
Bref. A 17 ans, on n’est pas sérieux. Et on adore être unique au milieu de son groupe d’amis.
J’ai 34 ans, j’évite désormais le franglais (dit-elle alors que son chapô parle de « spoiler alert »…). Mais j’ai toujours une affection particulière pour certains mots anglais. Je les garde pour moi et mes conversations intérieures.
Vous savez, ces scénarios que l’on imagine avant de s’endormir, ou parfois au beau milieu de la journée. Non, vous n’êtes pas seul à faire ça et la journaliste Marie Telling en parle très bien dans son article pour le Huff Post.
"La capacité (et l’envie) qu’ont certains à se raconter ces scénarios imaginaires remonte souvent à l’enfance et est nourrie par la fiction. "
Mes réflexions intérieures, elles se font souvent en anglais. Et j’en pioche certaines pour mes écrits de fiction. J’ai toujours bien du mal à les traduire en français par la suite, parce qu’elles ne me semblent jamais aussi naturelles.
Ecrire régulièrement est la clé. S’écouter aussi.
Dans mon article du 1er novembre, je disais :
J’ai décidé d’entretenir cette “pulsion créative”. Elle me manque (elle prend beaucoup de place aussi), et j’ai compris, je crois, qu’elle était bien trop rare pour la laisser s’échapper.
Et j’ai bien fait. Si je n’avais pas écrit régulièrement, je le sais, j’aurais perdu cette petite étincelle. Pour combien de temps ? Certainement un bon moment.
Mais il y a des jours où je me suis forcée à écrire pour remplir les objectifs : tard le soir, malgré les maux de tête, malgré mon envie de regarder un stream sur Twitch. Il y a des soirs où je me suis dégoûtée de ce challenge. A vouloir trop entretenir la flamme, j’ai eu peur de la laisser me brûler un peu trop fort.
La leçon à retenir : oui, c’est important d’écrire et de réfléchir à ce que l’on souhaite écrire, régulièrement. Mais il faut aussi se laisser du temps pour autre chose : lire, regarder des séries, un film, jouer…
L’écriture doit rester un plaisir, pas une contrainte. Et surtout pas une contrainte à 1667 mots par jour.
Une petite recommandation de fin
Je veux à nouveau vous parler à nouveau de Cécile Duquenne parce que son travail et ses réflexions sur l’écriture sonnent toujours justes.
Elle est autrice et la suis depuis ses débuts sur Livejournal dans les années 2000, et ses fanfictions sur Harry Potter (ça ne nous rajeunit pas).
Cécile est aujourd’hui également formatrice. Ses conseils sont à retrouver :
Petit extrait de l’édition du 28 novembre 2024 :
« J’ai toujours préféré les livres. Ils ont façonné mon imaginaire, mes univers intérieurs, et même mes attentes vis-à-vis du futur.
Leurs histoires ont eu une influence et une importance capitale dans ma construction personnelle.
Sans eux, je ne serais littéralement pas la même personne. »

